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lundi 16 octobre 2006

Trois milliards d’euros et 400 agences au minimum pour prétendre au CPA

Entamée il y a une année, l’opération d’ouverture du capital du Crédit populaire d’Algérie (CPA) vient de franchir une étape décisive. Le ministère des Finances a lancé, hier, un appel à manifestation d’intérêt pour l’ouverture à hauteur de 51% du capital de la banque publique. «Le gouvernement algérien a décidé de procéder à la privatisation du Crédit Populaire d’Algérie en cédant un bloc unique de 51% à un partenaire stratégique seul, conservant une participation de 49%», précise le ministère des Finances dans l’appel à manifestation d’intérêt. Le ministère des Finances précise que l’appel à manifestation d’intérêt s’adresse à «des banques universelles internationales» ayant la capacité d’agir en tant «que partenaire stratégique» du CPA et «de contribuer à son développement» ainsi qu’à celui du secteur bancaire algérien.
Comme déjà indiqué dans ces mêmes colonnes, la privatisation du CPA se fera en deux étapes. Une première pour la pré-qualification et une seconde pour le choix du partenaire stratégique. «Les partenaires stratégiques intéressés par cette privatisation sont invités à retirer un dossier de pré-qualification (le «Dossier») disponible uniquement en français, auprès de Rothschild & Cie. Le Dossier décrit les conditions de pré-qualification et de remise de la manifestation d’intérêt». Les partenaires stratégiques intéressés «sont invités à manifester leur intérêt» au plus tard le 7 novembre prochain. Les partenaires stratégiques pré-qualifiés recevront un dossier d’appel d’offres et seront invités pour une phase de due diligence, à la suite de laquelle une offre technique et financière liante leur sera demandée.
La course pour le rachat du CPA est ouverte, mais ne concerne pas toutes les banques. Les banques intéressées doivent remplir trois critères au 30 juin dernier: un niveau de fonds propres d’au moins 3 milliards d’euros; un réseau d’au moins 400 agences dans un même pays et un rating d’au moins A3 par Moodys ou au moins A par S&P. Ces trois critères éliminent les banques qui n’ont pas de rating et celles qui ne disposent de grands réseaux. Ces critères devront limiter la course au rachat du CPA uniquement aux banques de taille mondiale. «A3 est la note la plus élevée attribuée par des agences internationales aux grandes banques. Il y a environ 15% de banques qui ont cette notation», explique un banquier.
En plus des petites banques et banques d’affaires, le gouvernement algérien exclut de la course les consortiums, en décidant de céder 51% du capital du CPA en bloc unique à un partenaire stratégique seul. Fixé au 7 novembre, le délai d’envoi des manifestations d’intérêt est également en faveur des grandes banques qui ne prennent pas beaucoup de temps pour faire une offre, contrairement aux banques de taille inférieure. En cherchant des banques de taille mondiale, le gouvernement privilégie l’offre technique sur l’offre financière.
Dans le contexte actuel marqué par l’embellie financière, le gouvernement veut avant tout un partenaire stratégique pour faire du CPA une grande banque. Une banque notée A3 va tirer le CPA vers le haut en la modernisant selon des critères sévères et les normes internationales.
«La privatisation du CPA est un élément important pour la place financière. D’un point de vue fonctionnel et commercial, cette privatisation permettra à des partenaires internationaux d’intervenir sur la place. Elle constitue un élément supplémentaire qui vient conforter l’oeuvre de modernisation et d’ouverture bancaire déjà engagée. C’est un signal très fort aux investisseurs et partenaires étrangers qui souhaitent venir pour participer à la modernisation de notre système bancaire», se réjouit le délégué général de l’Association des Banques et Etablissements Financiers, Abderahmane Benkhalfa.
Avec une part de marché de 13%, le Crédit Populaire d’Algérie intéresse plusieurs banques étrangères: les groupes français Société Générale, BNP Paribas et le Crédit Agricole, le britannique HSBC, l’américain Citibank, ABC, Banco do Santander. Avec 129 agences bancaires, 15 succursales, plus de 1,2 million de clients, un total d’actifs de 4,8 milliards d’euros, un portefeuille de crédits de 1,5 milliard d’euros, un portefeuille de titres de 1,5 milliard d’euros, un total de dépôt de 3,4 milliards d’euros, des fonds propres de 420 millions d’euros et 4.000 employés, le CPA est l’une des cinq principales banques d’Algérie. LE QUOTIDIENT D'ORAN