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jeudi 24 mai 2007

Accès au marché espagnol du gaz
Algérie-Espagne : de l’eau dans le gaz

En dépit de perspectives prometteuses en matière de partenariat, les autorités espagnoles sont en train de limiter l’entrée du gaz algérien sur le marché espagnol.

Les relations algéro- espagnoles ne sont pas au beau fixe. Outre la position officielle espagnole sur le Sahara occidental, un nouveau point de discorde est venu s’ajouter alimentant la tension entre Madrid et Alger : les conditions espagnoles à l’accès du gaz algérien au marché espagnol. Pourtant, c’était bien parti. La signature d’un traité d’amitié, les visites du président Bouteflika en Espagne, de Zapatero à Alger et un chassé- croisé de missions de hauts responsables des deux pays. Dans un souci de diversification, l’Algérie avait ouvert les grandes portes aux compagnies espagnoles. Cepsa détient la plus grande part des associés dans le plus important gisement de pétrole découvert en partenariat : Ourhoud au sud- est. Repsol a raflé le plus important contrat de développement de gisements de Gassi Touil- Rhourde Nouss dont le projet incluant un train géant de liquéfaction à Arzew et un gazoduc de ces champs vers la côte ouest. L’investissement est estimé à 4 milliards de dollars. Ces deux compagnies sont également présentes dans l’exploration. La première associée à Total sur le périmètre de Timimoun, la seconde sur Reggane ont en partenariat avec Sonatrach les mises au jour des réserves importantes de gaz au Sud-Ouest. La décision de développement interviendra à la fin de l’année.
Par ailleurs, Sonatrach reste un fournisseur fiable. Elle approvisionne depuis plusieurs années le marché espagnol avec un volume en moyenne de 9 milliards de mètres/cubes annuellement via le gazoduc Duran Farell. C’est l’un de ses principaux fournisseurs. Les perspectives sont très prometteuses avec la réalisation en cours du gazoduc Medgaz d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes/an, où Sonatrach et les compagnies espagnoles détiennent la plus grosse part : plus de 80%. Sonatrach livrera aux compagnies espagnoles près de 4 milliards de mètres cubes/an supplémentaires à partir de 2009. Le gazoduc revêt une telle importance, eu égard à la croissance des besoins espagnols à moyen long terme. La crise entre la Russie et l’Ukraine a accru l’intérêt de l’Espagne pour le gaz algérien, d’où la volonté de conclure un partenariat stratégique avec l’Algérie. Medgaz ouvre également la possibilité d’évacuer des quantités de gaz algérien dans une seconde phase au-delà des Pyrénées. La France et le centre de l’Europe pourraient en bénéficier. Tous ces facteurs favorables à un développement des relations entre les deux pays en matière d’énergie n’ont pas empêché que des restrictions sont en train d’être imposées par la partie espagnole à l’accès du gaz algérien en Espagne. Le ministre de l’Energie, en marge de la cérémonie de constitution de la société multinationale de lutte contre la pollution marine organisée samedi dernier, a indiqué que ces relations ne sont pas au beau fixe. .
D’abord, Chakib Khelil, a indiqué que les négociations portant révision des prix du gaz livré par Sonatrach à la compagnie espagnole Gas Natural, portant sur un volume de 9 milliards de mètres cubes par an n’ont pas avancé. La partie algérienne demande une hausse de seulement 6%, applicable en deux tranches (3% applicable durant la première période, puis 3% dans un seconde période). Il s’agit d’un ancien accord qui spécifie dans l’une de ses clauses que les prix du gaz livré à l’Espagne à travers le gazoduc Duran Farell, reliant l’Algérie à l’Espagne via le Maroc peuvent être renégociés, pour tenir compte de l’évolution du marché.
La partie espagnole semble jusqu’à présent très réticente à une telle révision des prix du gaz. Ensuite, le ministre de l’Energie a avancé que la réalisation du gazoduc Medgaz reliant directement l’Algérie à l’Espagne pourrait être remise en cause. En effet, la commission espagnole de l’énergie continue à imposer des conditions draconiennes à l’accès du gaz algérien en Espagne, a-t-il laissé entendre. En effet, elle exige que ce gazoduc soit en termes simples rempli à 80%, à défaut Sonatrach doit assurer que l’ouvrage ait une capacité supplémentaire suffisante. " Nous sommes en train d’analyser ces conditions", a ajouté le ministre. Autrement dit, si ces exigences sont considérées côté algérien comme excessives, contraires à ses intérêts, l’Algérie pourrait les rejeter et donc compromettre la réalisation de ce projet. Si tel était le cas, c’est bel et bien l’expansion des exportations gazières algériennes qui serait freinée et, partant, l’état des relations algéro- espagnoles en pâtirait. A ce propos, il convient de rappeler que le ministre avait déclaré que cette même commission avait limité la quantité de gaz livré et commercialisé directement par Sonatrach via ce gazoduc, correspondant à sa participation à Medgaz (36%), à seulement 1 milliard de mètre- cubes par an, au lieu de près de 3 milliards de mètres cubes/an. Il avait argué que cette condition n’était imposée à aucune autre compagnie commercialisant son gaz en Espagne et que le Royaume- Uni n’avait exigé aucune limitation à l’entrée du gaz algérien sur le marché britannique (à travers la réservation par Sonatrach de capacités sur le terminal de regazéification d’Isle of Grain).
Par ailleurs, Chakib Khalil a soutenu que le changement d’actionnaires au sein de la compagnie espagnole Endesa pose problème. Cette dernière, qui participe à hauteur de 12% au projet Medgaz vient d’être acquise par Enel/Acciona. Sonatrach qui doit livrer du gaz à cette compagnie via Medgaz n’a pas été approché par le nouveau propriétaire. L’accord sur Medgaz, a-t-il ajouté, prévoit que Sonatrach peut ne pas livrer ce gaz à la compagnie cliente, en cas de changement de propriétaire. "Enel est déjà un important client de Sonatrach à travers le gazoduc Enrico Mattei reliant directement l’Algérie à l’Italie via la Tunisie. Avoir comme client l’Enel comme client de part et d’autre (sur le marché espagnol et italien) ne risque t-il pas de poser problème ? s’est-il interrogé, laissant entendre que cette question va être également examinée par la partie algérienne.
Le ministre de l’Energie, du reste, a réfuté les informations parues dans la publication française la Tribune et le quotidien belge le Soir, faisant état de négociations avancées, de rapprochement avec Suez, pour une fusion, voire un partenariat stratégique avec Sonatrach.
"Nous sommes un vendeur de gaz. Nous concluons des accords avec des compagnies qui nous offrent des prix du gaz les plus rémunérateurs. Il faut voir quel est notre intérêt dans de tels rapprochements", a-t-il résumé. Le P-DG de Sonatrach, lui, a refusé de commenter la déclaration du candidat Sarkozy, actuellement président de la république, parlant d’une fusion entre Sonatrach et Gaz de France se contentant de déclarer : C’est une déclaration à portée politique, intéressant la partie française. Chakib Khelil, a indiqué que Sonatrach n’a reçu aucune proposition de Gaz de France pour une prise de participation dans des terminaux de regazéification aux Etats-Unis. "La seule proposition émane de Statoil pour le terminal de Cove Point dans le Maryland". L’attractivité du domaine minier national sera mesurée avec les résultats de l’appel d’offres pour l’exploration qui sera lancé fin 2007. "Nous choisirons parmi les soumissionnaires les compagnies qui nous proposeront en contrepartie l’accès à des réserves à l’étranger, l’accès à un marché, à une technologie", a-t-il martelé, après avoir annoncé la mise en œuvre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures au second semestre. "Tous les décrets d’application ont été approuvés en Conseil des ministres", a-t-il ajouté.
C’est donc un nouveau virage que prend la politique énergétique du pays. L’Algérie n’est pas pressée d’offrir ses périmètres d’exploration. Elle sera plutôt très sélective. On se place dans une logique de préservation des ressources pour les générations futures et leur accroissement à travers des acquisitions à l’étranger. En ce sens, Sonatrach est présente en Afrique : au Mali, au Niger, en Mauritanie, en Tunisie, en Libye et en Egypte. Les fruits de ces travaux seront perceptibles à partir de 2010. L’échange d’actifs, lui, permet d’accélérer les choses. En particulier, Sonatrach est en discussions avec Statoil pour des prises de participations dans les champs norvégiens notamment de Kristin. Elle a également signé des mémorandums d’entente ave Gazprom, Shell, et BG. Sans résultat concret jusqu’à présent.
Les découvertes non développées par Sonatrach et ses partenaires, du reste, seront touchées vraisemblablement par les échanges d’actifs. En 2008, on saura si cette politique sera payante. LIBERTE