Compétences managériales : Rebrab en chasseur de « têtes algériennes » au Canada
Issad Rebrab, le PDG de Cevital, a beau avoir été élu manager de l’année en 2002, il est en manque de… managers pour son mégaprojet Cap-2015 annoncé depuis quelques semaines. Déterminé à trouver la perle rare, il est venu la chercher au Canada.
Montréal : De notre correspondant
Profitant de sa visite au pays de la feuille d’érable pour négocier un partenariat de 2,5 milliards de dollars avec le numéro deux mondial de l’aluminium, le canadien Alcan, Issad Rebrab a eu deux rencontres, jeudi et vendredi derniers, avec les Algériens du Canada à l’école des Hautes études commerciales (HEC) de Montréal. La première réunion a été organisée par le Regroupement des Algériens universitaires du Canada (RAUC) que préside Belgacem Rahmani, chargé de formation au service de l’enseignement des affaires international aux HEC Montréal, et qui vient d’être réélu à la tête du RAUC — une tradition (les élections) plutôt rare dans le milieu associatif algérien au Canada. A la seconde rencontre, le PDG de Cevital était l’invité de Taïeb Hafsi, professeur aux HEC Montréal, titulaire de la chaire de management stratégique international Walter-J.-Somers. Le fils de Taguemount Azzouz a fait montre d’un excellent talent pédagogique quand il a présenté son groupe, son histoire et ses perspectives d’avenir. Un talent salué par le professeur Taïeb Hafsi et les présents dont certains se sont déplacés de lointaines régions québécoises pour écouter de la bouche même de Rebrab sa success story. Le projet qui lui tient à cœur et pour lequel il déploie toute son énergie ces derniers temps est sans conteste le mégaprojet Cap-2015. Bien que largement expliqué à travers les médias en Algérie, une présentation s’imposait. Il s’agit d’un mégacomplexe logistique, industriel et énergétique avec un port à Cap Djinet, dans la wilaya de Boumerdès, et une ville nouvelle pouvant absorber 250 000 habitants. Le tout créerait 100 000 emplois directs et un million de postes de travail indirects. Le coût de cet investissement, selon Issad Rebrab, sera de 20 milliards de dollars. « Notre groupe compte actuellement 5500 employés et nous allons atteindre les 25 000 en 2010 », a-t-il expliqué aux présents. « Aujourd’hui, notre problème n’est pas d’ordre financier ou d’idées. Nous avons plusieurs projets et nous cherchons même s’il y a des compatriotes qui veulent investir. Nous sommes prêts à leur remettre des projets pour lesquels, s’ils sont bien menés, ils n’ont absolument aucune crainte de réussir », dira Rebrab. « Notre plus grand souci aujourd’hui est la ressource humaine. Particulièrement dans le management, la direction commerciale et le marketing. Nos universités et nos anciennes écoles n’en ont pas formés suffisamment », a affirmé le PDG de Cevital avant de lancer un appel aux présents : « S’il y a parmi vos connaissances des compatriotes compétents, des gens qui en veulent, ils sont les bienvenus. Nous sommes prêts à débaucher des managers des sociétés étrangères. » Et il ne lésinera pas sur les salaires. « Nous allons suivre les standards internationaux », a-t-il assuré. L’idée de Rebrab est de faire entourer les managers recrutés d’assistants locaux. Ces derniers auront l’occasion de se faire coacher, ce qui assure un transfert de compétences. Rebrab s’est fait rassurant sur l’Algérie. « Le pays avance, ce n’est plus comme il y a quelques années », a-t-il affirmé en faisant référence à ses déboires antérieurs. « Personnellement, on m’a bloqué 5 usines dans des caisses pendant 5 ans. Je me suis battu et je suis arrivé à obtenir gain de cause. Nous avons un pays hostile au niveau des investissements, mais je vous assure que si vous vous battez honnêtement vous y arriverez », explique Rebrab qui ambitionne de faire passer son groupe de 7e entreprise en Algérie, après Sonatrach, Naftal, Naftec, Sonelgaz, Algérie Télécom et Oracom Télécom Algérie, à la deuxième place après Sonatrach, dans quelques années. Il conclura par un : « Ce sont les enfants de l’Algérie qui la feront avancer », en rappelant qu’un investisseur étranger essaiera de tirer le maximum de son affaire pour reprendre ses gains et aller les investir ailleurs. « Sur les richesses créées par Cevital, 54% ont été versés au budget de l’Etat en fiscalité. 45% ont été réinvestis et 1% distribué aux actionnaires », terminera-t-il sous les applaudissements. Samir Ben Djafar
Libellés : Investissement
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home