Wind of change in Algeria

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lundi 24 avril 2006

A L’EXEMPLE DE L’OPEP, L’Algérie et la Russie pourraient lancer le «lobby» du gaz
Les chances pour la création d’une organisation des pays exportateurs de gaz sont plus fortes depuis la crise de gaz déclenchée au mois de décembre dernier entre la Russie et l’Ukraine. Ce qui n’était jusqu’à présent qu’une idée qui a germé durant ce conflit gazier opposant ces deux pays, peut devenir dans un proche avenir une réalité.
Les initiateurs de cette action pourraient bien être Sonatrach et la russe Gazprom. Ces deux géants gaziers pourraient jouer un rôle important dans l’avènement d’une telle organisation qui constituera un lobby dans le marché gazier, tout comme l’organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
La nouvelle a été annoncée lundi par le Times, cité par l’APS. Ce journal londonien voit qu’une telle organisation a toutes les chances de voir le jour au regard des développements importants enregistrés sur le marché gazier, notamment en Europe et en Amérique du Nord. Elle a aussi toutes les chances de faire le monopole sur le marché gazier du fait que du point de vue écologique, le gaz est la source énergétique la moins polluante.

Le gaz figure parmi les sources d’énergie qui seront très demandées à l’avenir, vu la polémique sur la rentabilité économique de l’énergie nucléaire. Une commission parlementaire de la chambre des Communes britannique avait recommandé récemment d’opter pour l’utilisation du gaz pour le fonctionnement des centrales électriques au lieu de la mise en place d’une nouvelle génération de centrales nucléaires pour produire l’électricité, qui sont très coûteuses et exigent beaucoup de temps, alors que les besoins énergétiques doivent être satisfaits immédiatement.

Selon le Times, le rapprochement entre les compagnies algérienne et russe à la faveur des entretiens du mois écoulé, et au cours desquels il a été convenu de signer un protocole de coopération dans les plus brefs délais, conforte l’orientation vers la création d’une telle organisation, d’autant que Sonatrach et Gazprom occupent les premières places sur le marché émergent du gaz liquéfié. L’Algérie est le deuxième exportateur de gaz vers l’Europe et occupe une place de choix en matière de commercialisation de gaz. Elle est aussi, depuis les années soixante-dix, un exportateur traditionnel de gaz liquéfié vers l’Amérique.

La Russie occupe également une place de choix dans le marché gazier. Elle est le premier pays exportateur de gaz vers l’Europe. Ces positions font de ces deux compagnies des initiatrices privilégiées pour une telle action. De plus, l’Europe dépend presque entièrement des importations de gaz de Russie, d’Algérie et de la Norvège.

Si les chances étaient faibles jusque-là pour concrétiser ce projet, la crise gazière entre Kiev et Moscou semble avoir changé la donne sur le marché gazier et jouer le rôle de détonateur. Pour la genèse, au mois de décembre dernier, Moscou avait réclamé une forte augmentation du prix du gaz livré à Kiev et menacé de fermer les vannes si un compromis n’était pas trouvé avant la fin de l’année 2005. C’est à partir de là que l’idée de création d’une organisation a commencé à faire son chemin.

Ce qui a jusqu’à présent ralenti cette machine est la vision dominante selon laquelle le marché du gaz est «un marché local tributaire de la réalisation de gazoducs et de contrats à long terme entre producteurs et consommateurs». Cependant, l’évolution du marché gazier à la lumière de l’importante augmentation des échanges de cargaisons de gaz à l’aide de méthaniers a changé la donne sur ce marché et a créé une concurrence sur les prix entre l’Europe et l’Amérique du Nord.

Pour parler de la position de l’Algérie dans le marché gazier, il faut dire que depuis les années soixante, l’Algérie est considérée comme une pionnière dans la technique du refroidissement du gaz à -160 degrés. Elle est également le deuxième plus grand exportateur de gaz naturel vers l’Europe après la Russie. S’agissant des réserves de gaz, elle occupe le huitième rang mondial avec 4,5 trillions de mètres cubes, qui sont appelés à s’élever à 8 trillions de mètres cubes à la faveur des nouvelles prospections dans le Sahara.
Sur le marché international, la position de l’Algérie est confortée par son volume de production qui la place au quatrième rang ainsi que par sa position géographique stratégique. La jonction avec le sud de l’Europe est réalisée par le biais du gazoduc Transmed qui la relie au sud de l’Italie et par le gazoduc traversant la péninsule ibérique (Espagne et Portugal) via le détroit de Gibraltar. Il est également prévu la réalisation d’un troisième gazoduc reliant directement l’Algérie au littoral espagnol dans l’objectif d’augmenter les capacités d’exportations gazières vers l’Europe.
LE QUOTIDIEN D'ORAN